juin 6, 2025 12:54 pm

La peur de prendre des antidépresseurs : une crainte fréquente mais souvent infondée

Face à une dépression sévère, des troubles anxieux importants, des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), des troubles du comportement alimentaire ou encore certaines douleurs chroniques, il peut arriver qu’un médecin ou un psychiatre propose un traitement antidépresseur. Pourtant, beaucoup de patients hésitent, voire refusent, de commencer ce traitement, souvent par peur de dépendance, de perte de contrôle ou de modification de leur personnalité.

Ce que fait un antidépresseur

En cas de dépression, le cerveau ne parvient plus à réguler correctement certains neurotransmetteurs essentiels à notre équilibre émotionnel : la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline. Parallèlement, il produit en excès une hormone du stress, le cortisol. Ce déséquilibre chimique entraîne des symptômes bien connus : perte d’énergie, tristesse persistante, troubles du sommeil, perte d’intérêt, fatigue mentale, difficultés de concentration…Contrairement à certaines idées reçues, on ne sort pas d’une dépression simplement « en se forçant » ou « en pensant positif ». Il s’agit d’un trouble de l’humeur qui s’installe dans le fonctionnement biologique du cerveau. Et à ce niveau, la volonté seule ne suffit pas.

Les antidépresseurs agissent précisément sur ces déséquilibres chimiques. Ils ne « changent pas » la personnalité, mais permettent au cerveau de retrouver un fonctionnement plus stable, facilitant ainsi le travail psychothérapeutique.

Une efficacité progressive

Les antidépresseurs ne sont pas des médicaments à effet immédiat. Il faut souvent attendre entre deux et six semaines pour constater une amélioration. Ce délai peut être décourageant, mais il est important de le comprendre dès le départ pour éviter l’arrêt prématuré du traitement.

Non, les antidépresseurs ne rendent pas dépendant

L’une des peurs les plus fréquentes concerne l’idée d’une addiction. Contrairement à des substances comme les anxiolytiques ou les opiacés, les antidépresseurs ne provoquent pas de dépendance. Il est cependant essentiel de ne pas interrompre le traitement de façon brutale : un sevrage doit toujours être encadré par un professionnel de santé, généralement avec une réduction progressive des doses.

Un outil parmi d’autres

Les antidépresseurs ne remplacent pas la psychothérapie, mais ils peuvent en faciliter l’accès lorsque la souffrance est trop intense pour entamer un travail psychologique en profondeur. Leur rôle est de créer les conditions physiologiques qui permettent de mobiliser ses ressources, retrouver de l’élan, et s’engager dans un processus de changement.

En conclusion

Prendre un antidépresseur n’est pas un échec. C’est parfois une étape nécessaire, transitoire, pour sortir d’une période difficile. Comme tout traitement médical, il doit être prescrit avec discernement et suivi avec attention, en lien avec un professionnel de santé. Mais il peut représenter une aide précieuse pour retrouver un équilibre et amorcer une reconstruction durable.